Jusqu’à cet été je cumulais 2 activités professionnelles : professeur des écoles et hypnothérapeute. Mais je me suis retrouvée face à un dilemme. Pour cette rentrée 2024, je n’allais pas pouvoir concilier les deux en raison d’un problème d’emploi du temps.
Mon cœur me disait hypnothérapie, et ma raison me conseillait d’attendre encore un peu avant de faire le grand saut et de laisser mon métier de maîtresse. Mais attendre quoi ? D’avoir moins peur ? En y réfléchissant, rien ne viendrait diminuer cette peur de franchir le pas. Une fois ce point éclairci, d’autres questions sont venues, revenues à la surface.
Je me suis rappelée du jour où un de mes propres enfants, au CP à ce moment-là, m’avait dit : « tu sais, je ne saurai jamais lire. » Comme mon cœur de maman s’était serré !! Comment un enfant de 6 ans peut-il en arriver à se dire cela ? Ce n’était clairement pas de cette école-là que je voulais. Avec mon mari, on a évidemment tout fait pour le soutenir et lui redonner confiance. Et mon enfant, je vous rassure, a très bien appris à lire depuis. Cet évènement a été comme un déclic dans ma pratique enseignante.
C’est à la suite de cet événement que les premières questions sont venues. Comment aider tous ces enfants qui perdent confiance ? Ceux qui sont plus en difficultés que d’autres ? Ceux qui ne rentrent pas dans le moule de l’éducation nationale ? Ceux qui vivent des choses compliquées à la maison ? Ceux qui sont font harceler ?… Mon attention se portait de plus en plus sur une approche encore plus respectueuse de chaque enfant. Quand je suis arrivée pour travailler en maternelle, j’ai pu commencer à organiser ma classe d’une façon plus approfondie sur des points précis comme : l’organisation de l’espace dans la classe, le respect du rythme de chacun, le style d’apprentissage de chacun, l’intérêt de la coopération, l’importance du lien avec les parents, la mise en place de projets comme « l’école du dehors ». Repenser ma classe pour que chaque enfant s’y sente bien accueilli, respecté tel qu’il est en tant que personne, demande beaucoup d’implications. C’est un investissement personnel important en temps et en énergie.
Mais l’école a ses limites. Enseigner a toujours été un plaisir. Mais les années passant, je me suis sentie de plus en plus étrangère à ce système qui respecte de moins en moins les élèves mais aussi les enseignants. On entend beaucoup de discours, par exemple, sur l’inclusion. Mais quels sont les moyens donnés pour y parvenir ? Pour accueillir un enfant atteint de trouble du spectre de l’autisme, un adulte (AESH) vient en classe aider l’enfant quelques heures dans la semaine. C’est loin d’être suffisant Je n’ai jamais été formée pour travailler avec ces enfants. Le harcèlement ? aucune formation. La phobie scolaire : aucune formation ? les troubles dys ? Aucune formation. Les enfants présentant un TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) ? Aucune formation. Les enfants présentant un TOP (Trouble Obsessionnel avec Opposition) ? Aucune formation. Sans oublier les enfants dont des problèmes familiaux impacte leur scolarité. Mais ils sont là, en classe, avec nous. Alors je me suis petit à petit formée de mon côté.
L’écart se creuse entre les politiques qui prennent des décisions dans leurs bureaux et la réalité du terrain. Personnellement je me suis sens de plus en plus méprisée. Alors que le respect est une valeur essentielle à mes yeux ; le respect de chaque enfant et de chaque enseignant.
Alors je fais ce choix du cœur aujourd’hui : celui de me consacrer totalement à mon métier d’hypnothérapeute. Je vois la détresse de certains enfants, de certains parents et c’est vers eux que j’ai décidé de me tourner.
J’ai donc choisi de mettre mes années d’expérience, non plus au service des élèves, mais au service des enfants et de leurs parents.